édition 2020 / édition fantôme

Du 27 au 30 mai 2020, devait avoir lieu la troisième édition du festival autour des Amours Vagabondes. Avec la complicité de Guillaume Cayet, nous devions accueillir une centaine d’artistes, émergents et professionnels, autour d’une vingtaine de propositions (théâtre, danse, musique, illustrations).

Programme fantôme DÉMOSTRATIF #3

DémoStraTif #3 n’aura pas lieu

Comme tous les acteurs de l’art et de la culture, nous nous retrouvons à l’arrêt, comme empêchés. Les circonstances, dramatiques, dans lesquelles se trouvent le monde nous amènent à interroger le sens de nos pratiques, de nos engagements. Ce festival est né à l’endroit de la rencontre, rendue impossible cette année. Alors, nous pourrions ne pas nous arrêter sur l’édition que nous avions concoctée ; nous pourrions, d’emblée, fantasmer la suite et nous surprendre à imaginer des formes alternatives. Que nenni ! Nous nous arrêtons, un court instant, nostalgiques de festivités qui n’ont pas eu lieu. On se dit que les 110 artistes, étudiant•e•s et professionnel•le•s, invité•e•s pour mettre en dispute les amours vagabondes, sont eux aussi sidéré•e•s. Certains devaient reprendre une forme lointaine, avec excitation et acharnement, d’autres devaient créer pour la première fois, avec appréhension et détermination. Les ingrédients étaient au rendez-vous, les sentiments aussi. Tous•tes étaient prêt•e•s à vagabonder de propositions en propositions, de rencontres en rencontres, de transats en transats, de bières locales en bières locales…

Alors, il nous paraît important de rendre compte, par un programme fantôme, des liens que nous tissions ici et là autour de notre thématique et de notre auteur. Rien, ni personne n’empêchera ces propositions d’exister : quelques unes des propositions vivront différemment, d’autres seront créées dans un autre contexte, en des temps plus propices. Nous devions d’ailleurs imaginer une petite forme théâtrale, avec la complicité de Guillaume Cayet. Celle-ci aura bien lieu et sera jouée dès cet automne, en itinérance dans le Grand Est. De quoi réveiller nos amours inhibées par les circonstances.

On se réveille avec l’étrange impression de vivre une rupture amoureuse, entre l’espoir de se trouver — que faire, comment faire, avec qui faire, où faire dans ce fameux monde d’après, et le risque de s’y perdre. L’édito de la première édition du festival (2018) reprenait en conclusion une phrase écrite par Guillaume dans sa pièce Dernières pailles (2016) :

« Une scène qui dit : il n’y aura de toute manière pas d’autres mondes, alors autant trouver d’autres façons d’habiter celui-ci »

Il nous était nécessaire de remettre en jeu et d’affronter les amours qui vagabondent tout autour de nous, pour chercher à habiter le monde justement, différemment. Dès lors, se pose la question de notre crédulité : avons-nous raison de croire à cet amour ? Une question que Guillaume s’est déjà posée, aux côtés de Julia Vidit — metteuse en scène que nous devions recevoir joyeusement cette année — : l’amour est-il crédible ou sommes-nous trop crédules ?

À la saison prochaine !

Sacha Vilmar, Fanny Colnot et l’équipe de Démostratif

28 mai 2020