Adieu mes chers cons
Spectacle créé en novembre 2022 au TAPS à Strasbourg.
Résumé
Vengeance, jalousie, dérive médiatique, fiasco judiciaire, fascination morbide, c’est une affaire qui nous tient en haleine depuis des années. Tout y est : un crime contre l’innocence, une famille déchirée, un juge suicidaire, une nuée de vautours et un mystérieux corbeau planant sur une obscure vallée rurale. Une tragédie contemporaine portée à la scène dans toute sa démesure et un malicieux petit pas de côté…
Anette Gillard fait piailler les corbeaux dans cette pièce qui oppose des oiseaux de mauvais augure à l’animalité des hommes. Comique, grotesque et singulièrement esthétique, la mise en scène de Sacha Vilmar défie l’horreur et le sensationnel, un fléau ordinairement humain car le théâtre, en réalité, ne raconte rien d’autre.
Intentions scéniques
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours nourri à l’endroit du sordide une curiosité étonnante tant je ne trouve pas cela croyable. Le fait-divers a donc toujours occupé une place particulière dans mon imaginaire. D’ailleurs, gageons que ces faits n’ont rien de divers : ils sont ahurissants, terrifiants, grotesques parfois. Peut-être devrais-je dire que je suis fasciné par ces grands écarts, que les protagonistes de ces histoires semblent maîtriser à la perfection : jouer un rôle en société et être capable des pires immondices une fois à l’abri des regards. Je ne trouve pas cela croyable.
L’objet du spectacle n’est pas un secret : l’affaire. L’une de celles qui a déchaîné le plus le corps médiatique, l’une de celles qui a le plus opposé police et justice, l’une de celles qui a le plus méprisé la ruralité. L’affaire. De multiples rebondissements (véritables coups de théâtre), des interprétations à tout-va, de la haine, de la jalousie. Vous y êtes ? L’anonymat ? Le corbeau ? La famille ? La vallée ? La rivière ? L’enlèvement ? Le meurtre ? Vous l’avez ? Peut-être que ma fascination et ma sidération pour cette histoire réside à l’endroit de l’accumulation : de preuves, de haines, de protagonistes, de doutes, de peines, de lieux, de rebondissements, de mystères. L’accumulation est le premier outil théâtral que nous mobiliserons : silences, cris, ombres, lumières, paroles, masques, rires, ruptures, costumes, décors, sons, perruques, cabrioles, fumée.
La fiction que nous déployons n’a rien de vraisemblable : elle est démesurée. Aucune raison, donc, pour que nous soyons raisonnables. On pourrait croire à un mauvais rêve, à un cauchemar. En travaillant avec Emmanuel Charles, décorateur à l’univers fantastique et baroque, nous donnons consistance à ce mythe contemporain et cauchemardesque. La scène prend place dans une forêt délibérément expressionniste. Mettant à mal, comme j’aime à le faire, l’illusion réaliste et le mensonge naturaliste, il s’agit d’emmener les spectateurs·ices dans une autre réalité où la stylisation est poussée jusqu’à l’abstraction et l’onirisme. La toile peinte primitive en fond de scène, des silhouettes d’arbres servant de cadre de scène : user de tous les artifices qu’offre le théâtre pour nous regarder en face.
Le rire occupe une place importante dans mon désir de théâtre. Il est ici un rire inquiet (j’emprunte la formule à Romane Nicolas), un rire provoqué par l’emphase des acteurs·ices, par le grotesque de leurs silhouettes (fil déjà tiré dans mon précédent spectacle : Les Rats quittent le navire), par le caractère cartoonesque du son, par la déformation des masques, par les couleurs vives et tranchées, par l’accumulation, par les ruptures et par cette vaine recherche de la vérité.
Sacha Vilmar, metteur en scène
Distribution
Texte Anette Gillard
Mise en scène Sacha Vilmar
Avec Fanny Colnot, Philippe Girard, Magali Lévêque, Nathalie Savary et Sacha Vilmar
Avec la voix de Jean Lorrain
Décors Emmanuel Charles
Costumes Amélie Waille, assistée de Cléo Palau
Masques Louis Arene
Maquillage Joséphine Charles
Lumières Chloé Agag
Sons Ludmila Gander
Régie générale et plateau Robin Mensch
Construction décors Pierre Chaumont, assisté de Marion Herbst
Administration Aïcha Chibatte
Partenaires
Production Festival Démostratif
Coproduction TAPS – Théâtre actuel et public de Strasbourg, le Théâtre de la Manufacture – CDN Nancy Lorraine, le Théâtre de Lunéville, le Diapason de Vendenheim, la Pokop – Université de Strasbourg
Accueil en résidence Théâtre de la Manufacture – CDN Nancy Lorraine, La Filature – Scène nationale de Mulhouse, l’Agence culturelle Grand Est, le TAPS – Théâtre actuel et public de Strasbourg, la Pokop – Université de Strasbourg
Avec le soutien de la Drac Grand Est, la Région Grand Est, la ville de Strasbourg, le Service universitaire de l’action culturelle de l’université de Strasbourg
Diffusion
8 et 9 janvier 2024, à l'Auditorium de la Louvière — Scènes Vosges à Epinal
8 et 9 novembre 2023, à la Filature - scène nationale de Mulhouse, co-accueilli par l'Espace 110 d'Illzach, dans le cadre de Scènes d'automne en Alsace
19 et 20 octobre 2023, à l'Espace Bernard-Marie Koltès - scène conventionnée de Metz
9 juin 2023, à la Pokop dans le cadre du festival Démostratif
31 mai et 1 juin 2023, au Théâtre de la Manufacture - CDN de Nancy Lorraine
9 et 10 mars 2023, au Théâtre de Lunéville
2 mars 2023, au Diapason - pôle culturel de Vendenheim
15, 16, 17, 18 et 19 novembre 2022, au TAPS - Théâtre Actuel et Public de Strasbourg