Pas touche (parade en planète inconnue)
Spectacle créé en juin 2023 dans le cadre du festival Démostratif.
Résumé
Erzevine et Dilotta vont d’astres en astres pour étudier les folklores propres à leurs habitants·es. Un jour, elles atterrissent sur une étrange planète où elles vont prendre part à un mystérieux rituel...
Intention scéniques
Il y a quelque chose d’étonnant dans l’écriture de Mathilde Segonds, elle pourrait être une cousine germaine de Romane Nicolas*, elle-même cousine lointaine de Jean Tardieu, lui-même neveu oublié d’Alfred Jarry. (Quelle étonnante lignée !) Son travail est large, il donne tantôt dans l’absurde, tantôt dans l’intime, dans la poésie mais aussi dans les arts plastiques. Elle trafique la langue comme on trafique des voitures. En lui commandant ce texte, à partir de la thématique des étranges mutations, je n’avais rien en tête, sinon le secret espoir que l’histoire serait drôle.
Arrive alors cette pastille extra-planétaire, cette doucereuse histoire, ce duo tout droit sorti d’un imaginaire emprunt d’une légère anticipation. Un duo de folklologues venu coloniser une planète inconnue. Elles arrivent à bord d’un vaisseau dans une atmosphère poudreuse et gluante, pleine de filaments. Où sont-elles vraiment ? Elles décrivent un astre mystérieux, où des êtres accomplissent un rituel. C’est toute une métaphore de la reproduction qui se tisse dans la description de cet astre. J’ai alors engagé un travail de rêverie autour d’un dispositif simple qui permettrait de voyager avec cette petite forme, comme le font Dilotta et Erzevine, les deux personnages. Des couleurs me sont apparues : le rose, le orange, le vert, puis le violet, comme si cette planète était plongée dans un couché de soleil permanent.
La toile peinte primitive, chère à mon cœur, se joue ici de nos sens et de nos perspectives. Elle met à distance le réel pour faire advenir l’illusion — donc une autre réalité. Les deux comédiennes peuvent passer leurs têtes au travers, cachant ainsi leurs corps et ne laissant apparaître que leurs visages qui deviennent de véritables masques. À grand renforts de grimaces, les yeux écarquillés, elles donnent l’illusion d’être dans un vaisseau spatial. Dans un jeu très frontal, comme pour être à l’affut de ce qui arrive au loin, elles vont adopter une rythmique dans le mouvement qui n’a rien de quotidien et naturel. Les mouvements sont amples, lents, comme décomposés par l’attention qu’elles portent à tout ce qui les entoure.
Les silhouettes sont travesties : perruques et bottes confèrent à ces astronautes une attitude étrange. Elles ne sont pas tout à fait de notre temps. Le teint est blanchâtre, des traits sont dessinés sur leurs visages comme pour leur rappeler où est le nord du sud, l’est de l’ouest. Les sons produits donnent eux aussi dans l’étrange : les bruits du vaisseau, de la planète et de ses occupants·tes finissent d’achever le réel. À mi-chemin entre le jeu vidéo et les synthés des années 1980, ils viennent prolonger ce que la toile ne montre pas : un rituel de reproduction qui finira par coloniser les deux folklologues...
Sacha Vilmar, metteur en scène
Distribution
Texte Mathilde Segonds
Mise en scène et costumes Sacha Vilmar
Avec Fanny Colnot et Camille Girard
Décors Emmanuel Charles
Création sonore Margault Willkomm
Diffusion
18 septembre 2024, sur le campus Croix Rouge dans le cadre des Impromptus du SUAC de l'Université de Reims
28, 29 et 30 juin 2024, à la MJC des Trois Maisons dans le cadre du Maudit Festival
6, 7 et 8 juin 2024, au Festival Démostratif à Strasbourg
28 novembre 2023, au Lycée Albert Schweitzer à Mulhouse, dans le cadre de La Filature nomade
5, 6, 7 et 10 juin 2023, au Festival Démostratif à Strasbourg